Durant 50 ans, le "Milieu" marseillais et la mafia italo-américaine ont organisé le plus grand trafic mondial d'héroïne entre la France et les Etats-Unis. Dans son dernier livre intitulé La French Connection*, Thierry Colombié, spécialiste de l'économie criminelle en France et du grand banditisme, décrit les rouages de ce réseau transatlantique inédit. Interview.
France-Amérique : comment la French Connection était-elle organisée ?
Thierry Colombié : La French Connection était un ensemble de filières cloisonnées et très professionnalisées dont le siège économique et politique était la ville de Marseille, un port sur la mer Méditerranée. Comme son nom l’indique, le trafic d’héroïne, la White Horse, était aux mains de trafiquants français, lesquels avaient le monopole de production et de distribution en gros. La French Connection était le trait d’union entre le Milieu français et les mafias italo-américaines, destinataires de la White Horse.
Quelles sont les origines du trafic de l’héroïne "marseillaise" ?
Les premières filières ont été mises en place dès le début des années 1930. Elles sont le résultat, d’une part, d’une production confidentielle d’héroïne en France et d’autre part, de la rencontre de trafiquants français, principalement corses, et de leurs "cousins" italo-américains. Après la Deuxième Guerre mondiale, l’essor du trafic a été favorisé par la professionnalisation des filières et par l’atonie des pouvoirs publics qui ne se sont pas donné les moyens de lutter efficacement contre la mise en place d’organisations transnationales.
Quels étaient les liens entre la French Connection et les mafias dans le monde ?
Les liens sont historiques, culturels et économiques. Les Corses et les Siciliens sont issus d’une même culture méditerranéenne où la famille, le sang et l’alliance sont les ferments d’une alternative au pouvoir central, à l’Etat. La France, il ne faut ...Pour lire la suite...