L'intervention
présente la nouvelle association "Crim'Halt", dont l'objectif est la
promotion de la justice sociale. A cette fin et s'appuyant sur l'exemple italien,
elle milite en faveur de la réutilisation sociale des biens confisqués à la
criminalité organisée ou professionnelle.
Créée
par Fabrice Rizzoli, l'association est majoritairement composée d'une base
étudiante en provenance de formations diverses, mais également de bénévoles
dont l'activité professionnelle est souvent en lien avec l'objet des
revendications. Afin de mobiliser et sensibiliser la société civile,
l'association impulse des espaces de débats et de production d'alternatives, en
développant une expertise propre, notamment grâce à l'investissement d'un
comité scientifique.
Intervention de Fabrice Rizzoli, Président de Crim'Halt:
Le
président de Crim'Halt revient ici sur l'importance du secteur associatif dans
la lutte contre les diverses formes de criminalité organisée. Pensons ici aux
associations militant pour que la journée du 21 mars, reconnue en Italie comme
la journée en mémoire des victimes du crime organisé, revête un caractère
international.
Les
associations peuvent ainsi jouer de multiples rôles. A travers la recherche
scientifique, elles contribuent au développement d'une expertise propre, sans
dépendre du savoir institutionnel. La diffusion de ce savoir et l'organisation
d'évènements leur permet ensuite de sensibiliser la société civile à ces
problématiques. Enfin, elles peuvent jouer un rôle de dénonciation des
phénomènes criminels et ainsi permettre l'intervention du secteur judiciaire.
Intervention de Geoff Dean, Professeur de criminologie:
Professeur
Australien en criminologie, Geoff Dean s'est penché sur les liens existant
entre les meurtres en série, le crime organisé et les crimes de nature
extrêmement violente. Contrairement aux présupposés, son intervention nous
invite à relever les mécanismes neurologiques similaires entre ces différentes
catégories de crimes. Adoptant une approche cognitiviste, il explique ainsi
que, si ces acteurs ont des motifs différents, ils partagent en revanche cinq
perceptions et cinq croyances communes structurant leur rapport au crime, les
perceptions étant appréhendées comme des interprétations de la réalité: "We
see with the eyes but we perceive with the brain".
Ses
études pratiques lui ont ensuite permis de modéliser les facteurs de risque du
passage à l'acte, relevant des signaux permettant d'aider les forces de l'ordre
à prévenir la criminalité.
Intervention d'Eric Alt, Vice-Président d'Anticor.
Son
intervention s'articule autour de la dénonciation de l'esprit de la corruption.
Il
relève ainsi que la confiance politique est à un niveau historiquement bas,
conjugué au plus haut niveau de corruption. Si l'on s'en tient aux études de la
commission européenne, ce phénomène coûterait ainsi 120 milliards d'euros par
an aux Etats Européens.
Cette
situation est encore amplifiée par le culte du secret, si élevé qu'il en
atteint un niveau pathologique. Il se manifeste par exemple à travers
l'interprétation, parfois abusive, de la notion de "secret-défense".
En parallèle, le retrait de l'Etat permet un accroissement des violences.
Celles-ci se manifestent en premier lieu à l'égard des lanceurs d'alerte, tant
sur le plan symbolique que sur le plan physique. L'action associative permet
ainsi une résistance citoyenne à ces dérives, à travers la promotion de mesures
défendant les valeurs républicaines.
Intervention de Séverine Téssier, Présidente d'Anticor:
Appuyant
les propos d'Eric Alt, Sevérine Téssier insistait sur le lien entre démocratie
et corruption. Depuis sa naissance en 2002, Anticor a vu la création de
plusieurs groupes locaux, signes de la bonne vitalité de l'association. La
corruption s'est toutefois également enracinée, la décentralisation ayant
reconstitué les féodalités d'anciens régimes.
Le
système politique français s'appuyant sur une forte délégation du pouvoir aux
élites, sans réel contrôle démocratique, les dérives criminelles corruptives
revêtent un caractère systémique. A cet égard, l'on remarque que la majorité
des condamnations concernent des élus cumulant les mandats. Pire encore,
certaines fonctions publiques sont cumulées à des fonctions privées, créant
ainsi des conflits d'intérêts. Un accroissement des mécanismes de contrôle
démocratique devient donc impératif pour limiter les dérives, ce qu'Anticor met
en place à travers un large répertoire d'actions (formation des citoyens, création
de chartes éthiques, etc).
Intervention de Silvia Caccia, Présidente de Libera France:
Si
l'Etat Français a réussi quelques progrès en matière de confiscation des biens
mal-acquis, en témoigne la création de l'Agence de Gestion et de Recouvrement des
Avoirs Saisis et Confisqués, en 2011, le système juridique ne permet pas encore
la réutilisation sociale de ces biens, à l'image de ce que permet une loi
italienne de 1996.
Le
réseau d'associations Libera, né en Italie, en 1995, et souhaitant impliquer la
société civile contre les mafias, a connu plusieurs réussites ces dernières
années. A l'échelle européenne, le Parlement Européen a approuvé les
initiatives étatiques sur la confiscation des biens mal-acquis. En France, le
député Jean-René Marsac, s'est saisi de cette question au travers
d'amendements, et s'il n'ont pas abouti à l'entrée en vigueur d'une loi,
quelques promesses lui ont été faites en ce sens. Par son activité, Libera
contribue ainsi à faire émerger la question sur l'agenda politique institutionnel.
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