Depuis les années 1980, le phénomène
de mondialisation s'est accentué, permettant un
développement accru des différents flux (capitaux, financiers, humains,
informationnels), également facilité par la chute du mur de Berlin et la fin de
la bipolarité. Si les activités économiques légales ont donc connu un essor
important, le phénomène a également profité aux organisations criminelles ayant
diversifié leurs zones d'activités en s'inscrivant dans la problématique des
"nouvelles menaces" transnationales.
Pourtant, la
lutte contre la criminalité organisée s'effectue encore largement à un niveau
national. Or, sans coopération interétatique, les législations nationales ne
permettent pas de lutter efficacement contre des organisations transnationales,
s'appuyant sur une imbrication de leurs activités légales et illégales au sein
de plusieurs Etats, afin d'échapper aux poursuites judiciaires. C'est cette
problématique que le numéro de diplomatie se propose d'étudier à travers un
tryptique analytique Enjeux/Acteurs/Activités, permettant bien aux lecteurs
profanes de saisir la complexité du phénomène.
Le premier temps s'attarde ainsi sur
les grandes évolutions et enjeux du phénomène. Mickael Roudaut,
administrateur de la commission européenne au sein de l'unité "lutte
contre le crime organisé" revient notamment sur le double phénomène de
politisation du crime et de criminalisation de la politique. Pour lui, le monde
n'obéirait plus à une logique de territoires, mais de flux, même si la lutte
contre les flux illicites demeure essentiellement nationale. Les enquêtes
financières se heurtant aux procédures administratives et au manque de
coopération interétatique, les frontières nationales protègeraient les
criminels des enquêtes judiciaires.
La lutte contre
la criminalité organisée transnationale est d'autant plus complexe qu'il s'agit
d'un objet d'étude relativement flou. Xavier Rauffer, criminologue,
explique à ce titre que les activités illégales étant dissimulées par nature,
les populations ne perçoivent pas nécessairement l'importance du phénomène.
Ainsi, le public est plus réceptif aux menaces directement perceptibles car
mises en scène, à l'image du terrorisme. L'agenda des politiques répressives se
concentre alors sur celles-ci, ne permettant pas l'octroi de moyens financiers
et institutionnels suffisant à la lutte contre la criminalité organisée.
La deuxième partie, "Mafias et
crime organisé", dresse une cartographie des principales organisations
criminelles dans le monde, exemplifiant ainsi les grandes évolutions mentionnées
en première partie. A cet égard, Fabrice Rizzoli, universitaire et
président de Crim'Halt, montre bien comment la 'Ndrangheta, officiellement la
plus puissante des mafias italiennes, a pérennisé son existence par
l'imbrication de ses activités légales et illégales. Principale organisation
impliquée dans le trafic de cocaïne en Europe, elle participe également à
l'économie légale, notamment via son investissement dans l'exposition
universelle se déroulant cette année à Milan.
L'article de Gavin
Slade, professeur de criminologie à Toronto, vient appuyer les observations
de M. Roudaut sur la criminalisation de la politique. S'appuyant sur
l'exemple de l'Etat mafieux en Russie, il explique que les organisations
criminelles russes ne sont pas autonomes vis-à-vis du pouvoir étatique. Les
élites politiques et administratives entretiennent la criminalité organisée à
travers des logiques de prédation économique, relevant d'une "Sistema",
des pratiques entendues, encadrées par des règles informelles régissant les
transactions d'affaires et politiques.
Enfin, la dernière partie s'appuie
sur la mise en perspective des principales activités criminelles: Les
différents trafics (armes, drogues, êtres humains etc.), mais également la
criminalité en col blanc. Jean-François Gayraud, commissaire
divisionnaire, souligne bien l'importance des intermédiaires dans le
blanchiment d'argent. "Blanchir l'argent sale" nécessite de trouver
des intermédiaires capables de transférer des capitaux du secteur économique
illégal vers le secteur légal. Pour cela, ces professionnels doivent posséder
les compétences techniques nécessaires, mais également une
"honorabilité" de façade.
La revue se termine ainsi comme elle
commence, soulignant bien l'imbrication entre les activités criminelles légales
et illégales, et conduisant le lecteur à s'interroger sur une dichotomie qui
tend de plus en plus à s'éroder.
Relevons tout de
même que plusieurs pistes de réflexions sont proposées par les auteurs tout au
long de la revue. Outre la systématisation
de l'enquête financière censée compléter l'enquête criminelle, l'on peut
également relever la proposition de Fabrice Rizzoli et Thierry
Colombié de développer le statut des collaborateurs de justice, dont l'aide
est indispensable à l'obtention d'informations sur des activités dissimulées.
Enfin, comment ne pas mentionner la possibilité d'une confiscation des biens
sans condamnation pénale du propriétaire et leur redistribution à la société
civile, mesure ayant fait se preuves en Italie.
En attendant,
l'on peut toujours espérer la création d'un centre de recherche scientifique
indépendant, afin de concurrencer la production de statistique effectuée par
les services des organes coercitifs d'Etat.
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