Que de biens confisqués et la France? |
Nicolas Giannakopoulos de l'observatoire de la criminalité organisé en Suisse (cf. Colloque légal/illégal) :
A l'heure de
cette nouvelle année, je vais me permettre un petit blog touffu. L'idée
n'est pas de peser lourd sur une politique ou un autre (principalement
en matière criminelle) mais, pourquoi pas, de jeter les bases d'un petit
chantier fort utile concernant la lutte antimafia en Suisse qui,
d'après les récents articles de presse relayant les actions du MPC,
semble reprendre du poil de la bête (on verra si le TPF suivra...mais ca
c'est une autre histoire).
Je voudrait parler ici de la stratégie de confiscation des biens
appartenant à des clans ou personnes mafieuses et de leur réutilisation à
but social ou commun. Le concept est le suivant: une fois les membres
d'un clan condamné, les biens saisis, que ce soit en liquide, en titres,
en parts, en biens immobiliers ou mobiliers, en bijoux etc., au lieu
d'être revendus par l'Etat ou appropriés directement par ce dernier,
sont alloués à une agence qui s'occupe de leur redistribution pour le
bien de la collectivité publique. Le message est fort et la stratégie
implacable. En effet, tel un parasite sanguinaire, les clans mafieux
s'approprient indument des avoirs par des actions licites ou illicites
(le second servant de base au premier) en ponctionnant les collectivités
dans lesquelles ils vivent comme les poux sucent le sang de leur hôte.
Mais une fois le poux mis hors d'état de nuire, que faire avec tout ce
sang, richesses volées à la communauté qui l'a si longtemps abrité et
nourri, parfois protégé par peur de terribles représailles ? Et bien ces
richesses sont rendues à cette communauté. Il s'agit d'une extension
intelligente de la saisie des avoirs mafieux, de la stratégie de "taper
où ça fait mal", c'est à dire l'argent, les avoirs, le pouvoir, leur
pouvoir.
Cette stratégie est intelligente à plusieurs titres: d'abord
économiquement, puisqu'un clan mafieu privé de ses avoirs perds
largement de son pouvoir et de ses bases de contrôle (généralement des
biens immobiliers). Il est idiot de mettre des mafieux en prison en
laissant leurs richesses mal acquises à disposition de leurs remplaçants
familiaux. Ce ne serait qu'un acte judiciaire manqué, un travail fait à
moitié, et d'ailleurs bien inutile (sauf à dépenser de l'argent
publique pour faire fonctionner des tribunaux) ou à risquer inutilement
la vie de policiers sur le terrain. Lire la suite...
ou Contre le crime organisé : pour une confiscation-redistribution
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