"L'Union européenne devrait favoriser... l'utilisation des patrimoines criminels confisqués au bénéfice de la communauté" cit. Commission européenne contre le crime organisé

samedi 9 mai 2015

Crim'HALT sur France Info : "Géopilitique du trafic d'armes"

afin d'effleurer la "géopolitique du trafic d'armes" suite à l'affaire de l'attentat déjoué. Quel lien entre terrorisme et crime organisé? 3 minutes à écouter.


mercredi 6 mai 2015

Principales interventions de la conférence du 23 mars 2015








Présentation de Crim' HALT:


L'intervention présente la nouvelle association "Crim'Halt", dont l'objectif est la promotion de la justice sociale. A cette fin et s'appuyant sur l'exemple italien, elle milite en faveur de la réutilisation sociale des biens confisqués à la criminalité organisée ou professionnelle.
Créée par Fabrice Rizzoli, l'association est majoritairement composée d'une base étudiante en provenance de formations diverses, mais également de bénévoles dont l'activité professionnelle est souvent en lien avec l'objet des revendications. Afin de mobiliser et sensibiliser la société civile, l'association impulse des espaces de débats et de production d'alternatives, en développant une expertise propre, notamment grâce à l'investissement d'un comité scientifique.



Intervention de Fabrice Rizzoli, Président de Crim'Halt:


Le président de Crim'Halt revient ici sur l'importance du secteur associatif dans la lutte contre les diverses formes de criminalité organisée. Pensons ici aux associations militant pour que la journée du 21 mars, reconnue en Italie comme la journée en mémoire des victimes du crime organisé, revête un caractère international.

Les associations peuvent ainsi jouer de multiples rôles. A travers la recherche scientifique, elles contribuent au développement d'une expertise propre, sans dépendre du savoir institutionnel. La diffusion de ce savoir et l'organisation d'évènements leur permet ensuite de sensibiliser la société civile à ces problématiques. Enfin, elles peuvent jouer un rôle de dénonciation des phénomènes criminels et ainsi permettre l'intervention du secteur judiciaire.


Intervention de Geoff Dean, Professeur de criminologie:


Professeur Australien en criminologie, Geoff Dean s'est penché sur les liens existant entre les meurtres en série, le crime organisé et les crimes de nature extrêmement violente. Contrairement aux présupposés, son intervention nous invite à relever les mécanismes neurologiques similaires entre ces différentes catégories de crimes. Adoptant une approche cognitiviste, il explique ainsi que, si ces acteurs ont des motifs différents, ils partagent en revanche cinq perceptions et cinq croyances communes structurant leur rapport au crime, les perceptions étant appréhendées comme des interprétations de la réalité: "We see with the eyes but we perceive with the brain".

Ses études pratiques lui ont ensuite permis de modéliser les facteurs de risque du passage à l'acte, relevant des signaux permettant d'aider les forces de l'ordre à prévenir la criminalité.


Intervention d'Eric Alt, Vice-Président d'Anticor.


Son intervention s'articule autour de la dénonciation de l'esprit de la corruption.
Il relève ainsi que la confiance politique est à un niveau historiquement bas, conjugué au plus haut niveau de corruption. Si l'on s'en tient aux études de la commission européenne, ce phénomène coûterait ainsi 120 milliards d'euros par an aux Etats Européens.

Cette situation est encore amplifiée par le culte du secret, si élevé qu'il en atteint un niveau pathologique. Il se manifeste par exemple à travers l'interprétation, parfois abusive, de la notion de "secret-défense". En parallèle, le retrait de l'Etat permet un accroissement des violences. Celles-ci se manifestent en premier lieu à l'égard des lanceurs d'alerte, tant sur le plan symbolique que sur le plan physique. L'action associative permet ainsi une résistance citoyenne à ces dérives, à travers la promotion de mesures défendant les valeurs républicaines.


Intervention de Séverine Téssier, Présidente d'Anticor:


Appuyant les propos d'Eric Alt, Sevérine Téssier insistait sur le lien entre démocratie et corruption. Depuis sa naissance en 2002, Anticor a vu la création de plusieurs groupes locaux, signes de la bonne vitalité de l'association. La corruption s'est toutefois également enracinée, la décentralisation ayant reconstitué les féodalités d'anciens régimes.

Le système politique français s'appuyant sur une forte délégation du pouvoir aux élites, sans réel contrôle démocratique, les dérives criminelles corruptives revêtent un caractère systémique. A cet égard, l'on remarque que la majorité des condamnations concernent des élus cumulant les mandats. Pire encore, certaines fonctions publiques sont cumulées à des fonctions privées, créant ainsi des conflits d'intérêts. Un accroissement des mécanismes de contrôle démocratique devient donc impératif pour limiter les dérives, ce qu'Anticor met en place à travers un large répertoire d'actions (formation des citoyens, création de chartes éthiques, etc).

Intervention de Silvia Caccia, Présidente de Libera France:


Si l'Etat Français a réussi quelques progrès en matière de confiscation des biens mal-acquis, en témoigne la création de l'Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués, en 2011, le système juridique ne permet pas encore la réutilisation sociale de ces biens, à l'image de ce que permet une loi italienne de 1996.

Le réseau d'associations Libera, né en Italie, en 1995, et souhaitant impliquer la société civile contre les mafias, a connu plusieurs réussites ces dernières années. A l'échelle européenne, le Parlement Européen a approuvé les initiatives étatiques sur la confiscation des biens mal-acquis. En France, le député Jean-René Marsac, s'est saisi de cette question au travers d'amendements, et s'il n'ont pas abouti à l'entrée en vigueur d'une loi, quelques promesses lui ont été faites en ce sens. Par son activité, Libera contribue ainsi à faire émerger la question sur l'agenda politique institutionnel.

dimanche 3 mai 2015

Présentation d'un livre sur pouvoir et criminalité

MeetUpParis, la Maison de l’Italie et FLARE France présentaient :

Les Nouveaux Monstres 1978-2014 
Le dernier livre de Simonetta Greggio

Paris, le 6 Mai 2015, 19h00

Maison de l’Italie Cité Universitaire de Paris
7A rue Boulevard Jourdan, 75014 PARIS (
RER B - Cité Universitaire)

Fabrice Rizzoli référent de FLARE présentera le rencontre
Dans « Les nouveaux monstres », paru en septembre 2014 chez Stock, Simonetta Greggio enquête sur l'Italie des trois dernières décennies. 
Un roman de la construction du pouvoir et de la collusion de l'Etat et de la mafia.

La vidéo d'Independenza TV :



mercredi 22 avril 2015

Compte-rendu de la soirée « Razzia sur la riviera : razzia sur la France? » du 15 avril 2015

Crim'HALT
Fabrice Rizzoli, Président de Crim'HALT
Un peu moins d'un mois après la première conférence organisée par Crim'Halt, un café-débat était organisé le 15 avril, au Paris Nord Café, et réunissait une vingtaine de personnes. Celui-ci s'articulait autour des travaux de deux intervenantes, Hélène Constanty, journaliste à Mediapart et membre d'Anticor, et Céline Cael, chargée de recherche au Centre de formation au Management du Ministère de la Défense, avant de laisser place au traditionnel échange entre le public et les intervenantes.
            Après deux ans d'enquête, Hélène Constanty avait publié, au début du mois, un ouvrage Razzia sur la Riviera[1] portant sur les phénomènes de corruption, ainsi que sur l'implantation croissante d'acteurs  criminels d'origine étrangère sur la Côte d'Azur.

"La mafia, c'est comme le nuage de Tchernobyl, elle s'arrête à nos frontières".

C'est en reprenant ces mots qu'Hélène Constanty débutait son intervention. A cet égard, Franco Roberti,  le procureur national antimafia italien, interrogé dans le cadre de l'ouvrage, relevait l'attitude négationniste de la France. Si le phénomène des réfugiés mafieux italiens n'est pas nouveau, en témoigne la production d'un rapport parlementaire au début de la décennie 1990[2], ces acteurs criminels auraient développé leurs activités sur le territoire français afin de contribuer au blanchiment de leur argent sale, multipliant et croisant les circuits légaux et illégaux, afin d'opacifier leurs activités lucratives. La découverte de ces circuits serait encore  complexifiée par les carences de la coopération franco-italienne sur le sujet. En effet, comment imaginer que les entreprises criminelles ne se soient pas adaptées au phénomène de la mondialisation ? Devenues des organisations transnationales, il paraît peu probable qu'elles n'aient pas réussi à implanter certaines de leurs activités en France.
Partant de ce postulat et loin de circonscrire son investigation aux mafias italiennes, Hélène Constanty évoquait les acteurs criminels d'Europe de l'Est, mais surtout les pratiques transactionnelles officieuses entre des acteurs politico-administratifs et des acteurs économiques de réputation douteuse, à l'image de l'obtention de permis de construire. S'appuyant sur son ouvrage composé de sept enquêtes, l'auteur développait la problématique de la corruption politique à grand renfort d'exemples cocasses.
            Transition était ainsi faite avec l'intervention de Céline Cael. Cette jeune chargée d'étude publiait, en janvier 2015, un ouvrage La transparence financière des élus politiques français[3], à la suite d'un mémoire de recherche initié en septembre 2013 au sein de l'Institut d'Etudes Politiques de Lille et d'Audencia Nantes. La présentation de ses travaux permettait ainsi d'élargir la problématique précédente, à travers l'analyse des mesures prises par le pouvoir politique, en 2013, afin de lutter contre les fraudes politico-financières, dans un contexte marqué par la multiplication des scandales, à l'image des déboires judiciaires de l'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. Abordant notamment l'action de la Haute Autorité pour la Transparence Financière de la Ve République, l'ouvrage s'appuie sur deux axes principaux. Un premier axe institutionnel permet l'étude des productions normatives et dresse un premier bilan de l'action de la Haute autorité limitée par des prérogatives restreintes.
Le second axe, politique, s'appuie majoritairement sur des entretiens et permet une analyse des représentations des élus locaux et nationaux, sur la problématique de la transparence financière. A l'issue de sa démarche analytique, l'auteur nous proposait quelques pistes afin de lutter contre les phénomènes de corruption politique, ouvrant ainsi le débat  sur les liens entre professionnalisation du personnel politique et pratiques corruptives.





[1] CONSTANTY Hélène, Razzia sur la Riviera: enquête sur les requins de la Côte-d'Azur, éd. Fayard, coll "Doc. témoignage", paru le 08/04/15.
[2] Voir  d'AUBERT François (président) et Gallet François (rapporteur), Les moyens de lutter contre les tentatives de pénétration de la mafia en France (rapport n°3251), commission d'enquête de l'Assemblée Nationale (neuvième législature),  remis à la présidence le 27 janvier 1993.
[3] CAEL Céline, La transparence financière des élus politiques français: Les conséquences des mesures législatives de 2013, éd. L'Harmattan, coll. "Logiques sociales", paru en janvier 2015.

jeudi 9 avril 2015

Soirée « Razzia sur la riviera : razzia sur la France? »

Soirée débat"Razzia sur la riviera : razzia sur la France?"

Mercredi 15 avril 2015
20h30
Avec Hélène Constanty journaliste membre d'Anticor 





Avec Céline Cael qui présentera ses travaux : La transparence financière des élus
Au Paris Nord Café,
17 rue de Dunkerque
75010 Paris
Métro gare du Nord
Salon au 1er étage consommation obligatoire et repas facultatif
Crim'HALT comme Alternative : les biens des criminels professionnels doivent être redistribués à la société civile
Anticor, pour l'éthique en politique

mardi 17 mars 2015

Conférence Crim'HALT : société civile contre esprit de criminalité

Conférence/Débat

Lundi 23 mars 20h-22h30
Entrée libre
Maison de l'Amérique Latine
217 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
La société civile face à l'esprit de la criminalité

Les associations :

Crim'HALT comme Alternative : les biens des criminels professionnels doivent être redistribués à la société civile

IFRAV, association pour la citoyenneté contre les violences
Démocratie et Justice, créateur du prix Falcone

Anticor, pour l'éthique en politique
Libera, la société civile contre les mafias

vous invitent à une conférence-débat sur le rôle la société civile contre l'esprit de criminalité
Intervenants :

- "Du crime organisé au terrorisme : sociologie de la violence extrême"
Geoff Dean, professeur et directeur de l'école de "criminologie et justice" à l’université de Griffith (Brisbane Australie)

- "De l’esprit de la corruption"
Eric Alt, vice-président d'Anticor et membre du syndicat de la magistrature

- "Lutter contre la corruption : à la conquête d'un nouveau pouvoir citoyen"
Séverine Tessier, présidente d'Anticor

- "Face à la violence de la corruption : de victime à lanceur d'alerte"
Patrick Malick, lanceur d'alerte

- "Libera : 20 ans d'antimafia sociale en Italie : bilan et perspectives"
Silvia Caccia, présidente de Libera France

En présence de
Jean François Gayraud, prix démocratie "Falcone 2014"
Modération
Fabrice Rizzoli, président de Crim'HALT
et prix droits de l'Homme "Falcone 2014"


Crim'HALT, l'assocation alternative à la criminalité

La villa de Berezovski confisquée mais pour quoi faire?
La summer school contre les criminels?
Depuis 5 ans, le bureau FLARE France travaille à la "stimulation" de la société civile française contre le crime organisé. Ce travail s'est fait dans la plus grande transparence comme en témoigne ce site qui recense toutes les actions de FLARE en France. 
Dépendant du siège de FLARE à Turin, FLARE France ne s'est pas constituée en association, privilégiant :
- L’événementiel (cf. Journée Antimafia à Sciences Po)
- La mise en réseau d'autres associations (cf. Conférence : "mafia entre illégalité et légalité)
- La mise en valeur de l'expérience ETHICANDO (cf. Soirée Justice et mémoire pour les victimes
Les efforts du bureau de FLARE France n'ont pas été vains. Au cours de l'année 2014, des jeunes et des moins jeunes militants ont milité pour créer une association qui incarne de manière officielle, les combats de FLARE : un processus du "bas vers le haut" :-)
C'est ainsi qu'est née "Crim'HALT comme Alternative" à la criminalité des professionnels.
L'objet de l'association : "la promotion de la citoyenneté et contre toutes les formes de criminalités préjudiciables à la société (crime organisé, corruption, délinquance économique & financière). Crim'HALT milite pour la justice « sociale », la démocratie, la transparence, et pour l’implication de la société civile par le biais d’actions concrètes : sensibilisation, promotion d’espace de débats, propositions."

Sans surprise, la première Alternative de Crim'HALT : une loi d'usage sociale des biens confisquées en France!

La villa du trafiquant doit devenir un centre culturel

Dans une vidéo amateur, du journal numérique Independenza TV, deux membres de Crim'HALT mènent l'enquête sur des biens mal acquis qui n'ont pas été restitués à la société civile : le bien mal acquis est donc resté aux mains des prédateurs. (l'auteur et les acteurs de cette vidéos déclinent toutes responsabilités face à l'utilisation de cette vidéo...)


samedi 24 janvier 2015

Soirée prix “Ethique” contre “casseroles”

Le film de la soirée en cliquant sur les liens suivants :


soiree_anticor_2015 par ANTICOR-TV

En France, la corruption est institutionnalisée mais il y a des solutions

Anticor, l'association contre la corruption vous invite

Samedi 31 janvier 2015
20h

Salle Pierre Nicole, 270 rue Saint Jacques 75005 Paris (métro Luxembourg et prendre la sortie "Rue de l'Abbé de l'Épée")

Soirée des prix "Éthique" et "casseroles"

Prix précédents, 2006, 2011, 2012...

Entrée libre pour les amis de la transparence et de l'éthique

En présence des nommés et des lauréats :

Elise Lucet, journaliste à France 2 et l'équipe de Cash investigation (journalisme d'enquête contre corruption)

Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart (AffaireS)

Stéphanie Gibaud, lanceuse d'alerte (affaire UBS)

Patrick Malick, lanceur d'alerte (marchés publics)

Emile-Roger Lombertie, maire de Limoges, (signataire de la charte éthique Anticor municipales 2014)

Et bien d'autres invités :


L'Argent, le Sang et la Démocratie... par Telerama_BA

Pour tous renseignements : permanent[@]anticor.fr

mercredi 14 janvier 2015

ITV de Thierry Colombié sur la mort du juge Michel

Thierry ColombiéFLARE France a interviewé Thierry Colombié, chercheur indépendant spécialiste du crime organisé et auteur d'un énième livre, celui-ci sur la mort du juge Michel

Thierry Colombié, vous étudiez les gangsters français, pourquoi un livre sur le juge Michel ?

Les gangsters évoquent toujours des règles auxquelles ils ne doivent pas déroger, la dite « mentalité ». L’une d’elles, importante, interdit à tout voyou de tuer un policier ou un magistrat. La raison est simple : si c’est le cas, les flics vont envoyer les filets, réveiller tous les indics, faire des coups tordus s’il le faut, à la guerre comme à la guerre, et finalement geler les affaires en cours pendant plusieurs mois. Dans le Milieu, on ne tue pas pour épargner une vie mais pour ne pas perdre de l’argent. Nuance. Après Renaud à Lyon, dont on ne sait toujours pas qui est l’auteur des coups de feu, le juge Michel fut le second magistrat à être assassiné. Ce qui confirme l’application de la règle, à deux exceptions près. J’ai voulu savoir quelles étaient les motivations des commanditaires, et comment ces derniers, depuis la prison des Baumettes, avaient bénéficié de complicités à l’extérieur. Autrement dit, comprendre ce qui avait poussé des individus à enfreindre la mentalité.   

A la lecture de votre livre sur le meurtre du juge Michel, il ressort une thèse plus complexe que la vérité judiciaire.
Des hommes du Service d’Action Civique (SAC), à l’époque le bras armé de réseaux politiques, seraient les instigateurs de l'assassinat du magistrat. C'est cela?

Pas des instigateurs mais plutôt des entremetteurs. Iimpliqués dans la tuerie d’Auriol au cours de laquelle Jacques Massié, autre membre du SAC, et sa famille avait été massacrée, Collard et Maria ont rencontré Girard et Filippi aux Baumettes fin juillet 1981. Ecroué par le juge Michel, le trafiquant de drogue Girard a réalisé ce que l’on appelle dans le Milieu une « crise de banditisme » : ayant vécu auprès de mafiosi italiens qui éliminaient des représentants de l’Etat, en particulier des magistrats, il y avait développé le complexe du mafioso, devenir plus mafieux que les mafieux. Riche, associé avec des gens en place, dont Roberto Pannunzi qui deviendra l’un des principaux traders du business de la cocaïne, rien ne l’empêchait d’éliminer celui qui faisait obstacle à ses affaires en cours et qui l’accusait d’être le pivot de plusieurs trafics. Filippi, son père spirituel et longtemps associé, et Collard vont conforter Girard dans son choix. Entre le moment où va germer l’idée et le jour de l’assassinat, des scènes pour le moins incroyables vont se dérouler au sein des Baumettes, et à l’extérieur.   

Passionnant mais pouvez vous nous donner nous l'exemple d'une scène incroyable qui mettrait en scène de la corruption politique?

Le moment par exemple où Girard rencontre, au parloir, un policier sur le conseil des hommes du SAC. Le but de Girard, c’est de faire chanter le policier, faire en sorte que ce dernier lui arrange le coup auprès de magistrats du Parquet afin d’obtenir une liberté provisoire. Or le policier, un cadre du SAC et ami de Collard et Maria, ne va pas se laisser moralement corrompre. Est-ce une corruption politique ? Je laisse aux lecteurs du livre le soin de juger par eux-mêmes. 

Ce qui est certain, c’est que la corruption, et je montre ses différentes facettes, est un outil indispensable à tout individu qui désire consolider son pouvoir, si petit soit-il. Le juge Michel a utilisé un gardien des Baumettes pour tenter d’extorquer des aveux auprès d’individus écroués dans l’affaire du Bar du Téléphone, un massacre ayant laissé dix personnes sur le carreau, exécutées de sang froid. Dommage que la scène ne soit pas dans le film, La French, car c’est la seule fois où le juge a outrepassé ses droits. Cela aurait pu illustrer la façon dont les voyous manipulaient le gardien en question qui n’avait qu’un seul objectif : se faire bien voir par la magistrature pour être muté dans une autre prison. Et non faire plaisir au juge. D’ailleurs, l’affaire du Bar du Téléphone ne sera jamais résolue. Dans ce dossier, tout le monde s’est fait jongler, Pierre Michel en premier lieu. Ce dernier était pourtant sur la bonne voie : le massacre cachait un trafic de fausse-monnaie entre la France et l’Algérie, et le financement de campagnes électorales. Vous avez dit corruption 

Justement, vous parlez dans le livre de système clientéliste à Marseille est ailleurs. Pouvez-vous être plus précis ?
Depuis très longtemps, et ce n’est un secret pour personne, surtout pas pour les gangsters, les campagnes électorales sont financés par des caisses noires, lesquelles servent à financer ce que l’on appelle les « faux frais », des budgets alloués aux garde-robes, par exemple, jusqu’aux paiements en liquide autorisant l’achat de voix. Donc l’accès au pouvoir ou sa consolidation, ce qui est encore plus vicieux et coûteux. Sans parler des promesses permettant à l’un d’obtenir une place en crèche, à l’autre d’être embauché dans la police municipale. Ce n’est pas de la science-fiction, suffit de se tourner vers le fief de Dassault où le système a été partiellement mis à nu, et où l’on voit d’ailleurs comment les cités, ces zones montrées du doigt à longueur de journée par les mass médias comme étant la lie de la société, deviennent une pierre angulaire… D’où vient l’argent ? D’activités clandestines ou d’un système de rétro-commissions qui brasse des centaines de millions d’euros que l’on retrouve, et ce n’est pas un hasard, dans le système politique actuel, à la différence près, que de tels procédés ne sont plus cachés, étouffés en haut lieu par la baguette magique de ministres ayant un œil sur les procédures en cours. Certes, le fait que ces affaires soient largement médiatisées ne change, au fond, pas grand-chose mais l’émergence d’associations contre la corruption, du processus des lanceurs d’alerte, montre qu’il est possible de lutter contre ce fléau. Reste à savoir comment ce même système va contourner l’obstacle de la connaissance, une réflexion en cours qui vaut son pesant d’or…